BELGIUM

CHAMBRE DES REPRESENTANTS

 

 

 

a) Statut des services administratifs de la Chambre des représentants :

 

La Chambre des représentants organise elle-même les services administratifs qui l’assistent dans ses missions ; tant le personnel que l’infrastructure sont placés sous son autorité. Il s’agit d’une application de l’article 60 de la Constitution [1], et il en résulte que les services administratifs des assemblées sont totalement autonomes par rapport au reste de la fonction publique fédérale.

 

Les membres du personnel de la Chambre sont soumis à un statut propre, fixé par la Chambre elle-même ou l’un de ses organes (Le Bureau ou, par délégation, le Collège des questeurs), même si en pratique on observe que certains éléments de ce statut sont inspirés du statut des agents de l’Etat.

 

Ainsi, sont propres au statut des membres du personnel de la Chambre : les règles qui définissent la carrière des membres du personnel (recrutement, déroulement de la carrière, règles de fixation du traitement, grades dans la hiérarchie,…), le régime disciplinaire (sauf le recours devant le Conseil d’Etat, qui est la juridiction administrative compétente pour l’ensemble de la fonction publique), le statut pécuniaire (traitements) et le statut syndical (absence de fait des organisations syndicales, alors que leur présence est obligatoire et légalement organisée en ce qui concerne la plupart des autres services de l’Etat).

 

Le régime de la sécurité sociale (dont les pensions) est par contre commun à tous les agents de la fonction publique.

 

En ce qui concerne les conditions de travail, si certaines règles sont propres au statut des agents de la Chambre (régime des congés, heures de travail,…), d’autres sont communes à tous les agents de la fonction publique (accidents du travail), voire à tous les travailleurs, du secteur public comme du secteur privé (bien-être et sécurité sur les lieux de travail).

 

Les modalités de recrutement varient en fonction du niveau considéré : les attachés universitaires, les assistants et commis issus de l’enseignement supérieur ou de l’enseignement secondaire sont recrutés par voie de concours, lesquels sont organisés par le service du personnel de la Chambre des représentants dans des conditions qui permettent d’en garantir l’objectivité et la loyauté (par exemple, pour le concours d’attaché, le jury est en partie composé de professeurs de l’enseignement supérieur). Les concours permettent d’accéder au degré inférieur de l’échelle dans la carrière considérée, toutes les promotions dans les grandes supérieurs et dans les grades de direction ayant lieu en interne, et dans la plupart des cas – à l’exception des grades supérieurs – les promotions interviennent dans le cadre du système de la carrière plane : pour les différents types de fonctions, à une ancienneté donnée est attaché un grade auquel on est en principe automatiquement promu, sauf en cas d’évaluation négative  ; il n’y a pas de procédure de recrutement externe, sauf rarissimes exceptions (manager ITC, pex.).

 

Les messagers, huissiers, techniciens, préposés à l’entretien,… sont par contre nommés directement par le Collège des questeurs[2], généralement sans concours préalable.

 

 

b) Relations entre les organes politiques et les services administratifs de la Chambre des représentants:

 

En vertu du Règlement ou du statut, l’organisation des services de la Chambre n’entre pas directement dans les missions qui incombent au président. Cependant, dans la pratique ce dernier jouit généralement du prestige lui permettant de suggérer aux organes compétents (principalement le Bureau, dont le président fait d’ailleurs partie) les modifications qui lui paraîtraient nécessaires.

 

Le Bureau de la Chambre a une compétence générale de gestion de la Chambre ; dans ce cadre, c’est lui qui arrête le statut des membres du personnel. Le Collège des questeurs est chargé des aspects matériels de la gestion.

 

Le greffier de la Chambre – secrétaire général –, qui exerce au nom du Bureau l’autorité sur les membres du personnel et les services, est nommé et peut être révoqué à tout moment par la Chambre. En pratique, un nouveau greffier est nommé, et généralement choisi parmi les fonctionnaires généraux de la Chambre, lorsque le titulaire de la fonction est admis à la pension ; la révocation est une hypothèse qui ne s’est jusqu’à présent jamais réalisée. La nomination se fait ‘au grand choix’, c’est à dire que la Chambre dispose d’un pouvoir d’appréciation totalement discrétionnaire en ce qui concerne le choix du titulaire de la fonction (le choix d’un candidat externe n’est donc pas a priori exclu, mais cette hypothèse est assez théorique).

 

Les autres fonctionnaires généraux, en ce compris le greffier adjoint (qui a rang de directeur général) et le directeur général des services de la Questure, sont tous nommés par le Bureau. Leur nomination obéit à des règles de procédure qui limitent le caractère discrétionnaire de la décision du Bureau : obligation de se porter candidat en interne (ce qui exclut les candidatures externes) à la fonction vacante, minimum d’ancienneté requise (ancienneté de service et ancienneté de grade dans le grade immédiatement inférieur, à savoir le grade de directeur d’administration), proposition de nomination présentée par le Collège des questeurs, avis motivé du greffier,….

 

Les considérations de sympathie politique ou personnelle ne jouent qu’un rôle très marginal dans la manière dont les services apportent leur concours aux travaux de la Chambre, le personnel dans son ensemble étant tenu à des obligations de discrétion et de neutralité. On notera que l’absence de fait de représentation syndicale contribue probablement à la neutralité politique exigée de la part des membres du personnel (les principaux syndicats en Belgique étant tous idéologiquement apparentés à l’une des trois grandes familles politiques : socialistes, libéraux et sociaux-chrétiens).

 

 

c) Responsabilités du greffier, secrétaire général:

 

Les services de la Chambre des représentants sont tous placés sous l’autorité du greffier. Ce dernier est assisté dans sa mission par le greffier adjoint, lequel dirige les services législatifs, et par le directeur général des services de la Questure, qui dirige, sous l’autorité du Collège des questeurs, les services chargés des aspects matériels de la gestion de la Chambre. Les services de la Chambre sont donc organisés selon une structure bicéphale, les missions d’appui au travail parlementaire étant dissociées de celles qui relèvent de la gestion des aspects matériels.

 

Le service des commissions, qui assure le secrétariat des Commissions, fait partie intégrante des services législatifs, et il dépend donc à ce titre du greffier et du greffier adjoint. Cependant, dans la pratique, le secrétaire de la commission travaille en étroite collaboration avec le président de sa commission; si le président devait demander au secrétaire un service ‘partisan’ ou dépassant les limites de ce que l’on peut tenir pour normal dans le cadre de la mission du secrétaire de commission, ce dernier doit en référer au greffier adjoint.

 

 

d) & e) La charge du travail parlementaire et la charge de travail des services administratifs de la Chambre des représentants – liens entre les services administratifs de la Chambre des représentants et le processus législatif :

 

Sur le premier aspect de la question, on trouvera en annexe des données statistiques détaillées. Précisons que la Chambre des représentants de Belgique compte 150 membres.

 

En ce qui concerne l’assistance fournie quotidiennement par les services législatifs de la Chambre des représentants dans les travaux de l’assemblée, et en particulier dans le cadre du travail législatif :

I.                     le service des Commissions assure le secrétariat des commissions, qui consiste notamment à rédiger les rapports et les projets de texte adopté dans le cadre du travail législatif préparatoire des commissions, et à assister aux séances de questions orales et aux séances d’interpellation en commission (notamment en vue de veiller au respect du temps de parole par les membres), dernière mission qui relève bien entendu du contrôle politique ;

II.                   le secrétariat législatif gère les aspects ‘documentaires’ généraux du travail parlementaire (réception des projets et propositions de loi et des amendements, des questions écrites, des documents liés à la confection du budget, contrôle de la qualité légistique, traduction éventuelle, diffusion auprès des membres et des services concernés, règlement de la procédure parlementaire, relations avec les acteurs extérieurs – Gouvernement, Conseil d’Etat,…–, etc.) et assure le secrétariat de la séance plénière ;

III.                  le service juridique est spécialisé dans les aspects juridiques de l’appui au travail parlementaire : notes et analyses sur des sujets juridiques variés (à l’attention du président, du greffier, des commissions, du Bureau, de la Conférence des présidents,… mais jamais à l’attention des membres), contrôle de la qualité légistique des textes en préparation, application du Règlement et tenue des précédents, secrétariat de certaines commissions à caractère technique ou juridique (commission du Règlement, commission de concertation entre la Chambre et le Sénat,…), suivi de la jurisprudence constitutionnelle de la Cour d’arbitrage,… ;

IV.                le service du Compte rendu intégral assure la reproduction in extenso des débats de la Chambre, en commission et en séance plénière ;

V.                  le service du Compte rendu analytique est chargé du résumé analytique des débats tenus en français, et le service du Beknopt Verslag est chargé de la même mission en ce qui concerne les débats tenus en néerlandais ;

VI.                le service de la Traduction des documents parlementaires assure la traduction (du néerlandais vers le français et inversement) des pièces et documents de la Chambre (rapports et comptes rendus intégraux) ;

VII.               le service de la Traduction des comptes rendus analytiques, des questions parlementaires et de la Traduction orale en commission est chargé de la traduction des résumés analytiques des discours et assiste le service des interprètes pour la traduction orale en commission ;

VIII.             le service des interprètes est chargé de la traduction simultanée des débats en séance plénière et en commission ;

IX.                le service Documentation et Archives assure la tenue des archives parlementaires, établit toutes les données statistiques se rapportant à l’activité parlementaire et gère diverses banques de données en rapport avec l’activité parlementaire (projets et propositions de loi, questions, interpellations, données biographiques des membres,…) ;

X.                  la Bibliothèque du Parlement, commune à la Chambre des représentants et au Sénat, constitue régulièrement, d’initiative ou sur demande, des dossiers documentaires sur divers sujets ; elle assure également des missions de recherche documentaire.

 

 

f) Changements récents dans le travail parlementaire ou au sein des services de la Chambre des représentants  :

 

Les services ont vu récemment leurs effectifs augmenter, en vue notamment d’assurer :

XI.                une meilleure qualité légistique des textes ;

XII.               le traitement des déclarations de mandats en vue de limiter le cumul des mandats (souci de transparence politique) ;

XIII.             une aide accrue aux parlementaires qui déposent des propositions de loi (rédaction des sommaires, coordination des textes,…) ;

XIV.            le secrétariat de nouveaux groupes de travail (comme par exemple le Comité d’avis pour les questions scientifiques et technologiques).

 

D’autres thèmes ayant des implications administratives, au sens large du terme, peuvent être mentionnés, comme l’usage et la confidentialité des échanges électroniques (e-mails et internet), le suivi des arrêtés d’exécution des lois votées par les Chambres, la réception des divers rapports que le gouvernement ou d’autres institutions sont légalement tenus d’adresser périodiquement aux Chambres, la modification importante des procédures d’accès à la nationalité belge (procédure de naturalisation), l’extension des fonctionnalités du site web de la Chambre (diffusion en direct et archivage audiovisuel des séances plénières, augmentation du nombre des documents téléchargeables,…), les colloques qui sont organisés régulièrement sur des sujets d’actualité (par exemple sur le droit du divorce, ou sur la réforme du Code de procédure pénale), les publications en rapport avec les activités et le droit parlementaires (par exemple, sur ce dernier point, des précis de droit parlementaire qui ont fait le point sur la question de l’irresponsabilité parlementaire – le freedom of speech – et sur la question de l’inviolabilité parlementaire), et l’accueil d’un nombre croissant de visiteurs, en particulier d’étudiants.

 

Des projets sont à l’étude en ce qui concerne notamment la digitalisation de la législation et de la procédure législative (aspects de procédure législative, d’archivage et d’accessibilité du public).

 

Sur le plan du travail strictement parlementaire, on peut citer – outre la création récente du Comité d’avis pour les questions scientifiques et technologiques – le Comité d’avis pour les questions européennes, la création de la fonction d’euro-promoteur (il s’agit des membres du Comité d’avis précité qui assurent, chacun au sein d’une commission permanente dans laquelle il siège, le relais et le suivi des travaux du Comité d’avis ainsi que des propositions d’actes normatifs et autres documents de la Commission européenne), et de la fonction d’ombudspromoteur (sur le même modèle que les europromoteurs, il s’agit de membres de la commission des Pétitions qui assurent le suivi des pétitions renvoyées par ladite commission aux commissions permanentes, ainsi que le suivi, toujours au sein des commissions permanentes, des recommandations du Collège des médiateurs fédéraux).



[1] “ Art. 60. Chaque Chambre détermine, par son règlement, le mode suivant lequel elle exerce ses attributions. ”

[2] Six membres au plus de la Chambre remplissent les fonctions de questeur. Le Collège des questeurs est chargé de toutes les mesures relatives aux aspects matériels de la gestion de la Chambre (bâtiments, matériel, finances, gestion du personnel,…)., le cas échéant en conformité avec les directives du Bureau.